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Des urnes à la botte : le coup d’État du 30 août 2023 au Gabon

Une brève analyse de l'enseignant-chercheur Stéphane Ondo Zé

La prise de force du pouvoir sans effusion de sang par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) a ouvert un nouveau chapitre de l’histoire politique du Gabon. Le nouvel homme fort de la junte, désigné Président de la Transition, est le général Brice Clothaire Oligui Nguema (47 ans). La situation reste assez singulière dans une région ayant pour particularité de connaître des régimes politique stables et forts, installés depuis des décennies. Voisins du Gabon, la Guinée-Équatoriale, la République du Congo et le Cameroun présentent tous des dirigeants avec une certaine longévité au pouvoir. Manifestement, pour ces Etats, le coup d’Etat perpétré au Gabon crée un dangereux précédent.

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Déjà, Faustin Archange Touadera, le Chef de l’État centrafricain et Président en exercice de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale, a d’ores et déjà fermement condamné ce putsch et exigé « la libération immédiate et sans conditions » de l’ancien président Ali Bongo Ondimba, gardé en résidence surveillée. L’autre organe régional, la Communauté économique des États de l'Afrique centrale a quant à elle exhorté à un dialogue républicain et surtout au retour de l’ordre constitutionnel. Fidèle à ces principes, l’Union Africaine a suspendu le Gabon de ses instances.

Pourtant, face à cette avalanche de reactions, de nombreuses questions restent encore sans réponse. Combien de temps durera la transition ?

Quelle posture tiendra le CTRI face à la pression de la communauté internationale qui semble dépassée par la fièvre putschiste qui embrase le continent africain ?

D’ailleurs, peut-on s’attendre à une convergence des régimes putschistes africains au chevet du Gabon comme ce fut le cas pour le Niger ?

Définitivement, à Libreville, l’heure est à l’expectative. Les résultats du vote à l'élection générale du 26 août dernier, perçus par le principal candidat de l'opposition, Albert Ondo Ossa, comme non-fidèles à la réalité des urnes et annulés depuis par le CTRI, sont désuets, enterrant une fois encore l’expression d’un peuple. Les scènes de liesse et les cris de soulagement ont bien recouvert le bruit des bottes. Dès lors, ce putsch militaire, perçu comme « populaire », engage un plus la réflexion à mener sur la légitimité à donner à ces coups de force lorsque les urnes deviennent trop opaques.

 

Stéphane Ondo Zé est docteur en géographie de l'Université de Reims Champagne-Ardenne. Il est enseignant en géopolitique au master de géosciences politique du monde Contemporain de l’université Omar Bongo et chercheur au Centre d’Études et de Recherches en Géosciences politiques et Prospective du Gabon. Il est initiateur et animateur de " Les baï de l'Ogooué que nous vous invitons à découvrir."

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