Wangari Maathai a obtenu le Prix Nobel de la Paix en 2004 pour ses engagements et ses actions en faveur de la protection de l’environnement, du développement durable, de la promotion de la paix et du renforcement de la démocratie. Elle manque à tous les défenseurs de la nature.
Ce 8 mars, Journée Internationale des Droits des Femmes, je lui rends hommage.
Pour le courage, l’exemple et la planète.
Le monde ne manque pas de figures notables et exemplaires quand il s’agit de poser un regard critique ou bienveillant sur l’environnement. En juillet 2011, je travaillais encore pour un réseau d’élus dédié à la protection de l’environnement et nous avions organisé un concours international pour récompenser des villes africaines exemplaires. J’ai pensé qu’il serait génial de faire parrainer cette compétition par une personnalité qui nous permettrait non seulement de rayonner au-delà de l’entre-soi parisianiste, mais aussi qui pourrait passer des messages forts. Wangari Maathai fut ma seule option et, si mes souvenirs sont bons, nous avions prévu de prendre contact avec l’Ambassade du Kenya comme il est de coutume quand nous invitions des personnalités internationales. Cela ne s’est plus fait mais j’ai gardé en mémoire que ce n’était que partie remise. Deux mois plus tard en septembre 2011, RFI annonçait en flash-info le décès suite un cancer de la Grande Dame à 71 ans.
Au-delà de l’anecdote personnelle, qui était Wangari Maathai ? Et quel est son héritage ?
Activiste politique, elle défendait au Kenya la cause des femmes pour plus de reconnaissance et d’équité dans la société. Son combat consistait à permettre aux femmes de s’autonomiser en créant des activités dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche. Elle encourageait la plantation d’arbres et souhaitait que tout événement à célébrer s’accompagne d’une telle opération. A l’origine de cette exigence, le Mouvement Ceinture Verte (Le Green Belt Movement) qu’elle a créé en 1977 pour inciter les Kenyanes à s’approprier les questions environnementales comme essentielles dans la vie quotidienne. A ce jour, parce que son œuvre lui a survécu grâce à la Fondation Wangari Maathai, plus de cinquante millions d’arbres ont été plantés dans tout le pays et en Afrique.
Militante des droits de l’Homme et ex-dirigeante de la Croix-Rouge kenyane, elle a connu plusieurs emprisonnements arbitraires pour avoir mis en cause le pouvoir de Daniel Arap Moi pour des faits de corruption et de privation des libertés publiques. Décidée à faire prévaloir un Etat de droit et juste pour tous, elle n’a pas cédé aux campagnes d’intimidations et de brimades. Son expérience de Secrétaire d’Etat à l’Environnement entre 2003 et 2005 lui permettra d’agir pour la biodiversité et le développement durable mais convaincue que le travail peut également se faire en dehors du champ politique, elle se retire et se consacre à ses activités scientifiques et associatives.
Coopérant avec le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement, devenue une personnalité adulée et sollicitée de partout dans le monde (Barack Obama a tenu à la rencontrer quand il était encore Sénateur en 2006), le Professeur comme on l’appelait a été multi- récompensée dont le Prix Nobel de la Paix en 2004. Ce Graal de l’ultime reconnaissance, elle le dédiera aux femmes, à la paix, à la démocratie et à la planète. Première femme africaine à recevoir cette prestigieuse distinction, elle sera faite Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur en France en 2006. Le continent africain avait trouvé sa Reine de la Nature ou encore Sa Maman des Arbres.
Plusieurs livres ont été écrits pour retracer son exceptionnel parcours. Celui que je vous conseille, d’Aurélie Fronty et Franck Prevot, « Wangari Maathai: La femme qui plante des millions d'arbres » est un livre-album joliment illustré (Rue du monde, 2011), sorti très peu de temps avant sa mort.
A la COP 21 qui a eu lieu à Paris en décembre 2015, elle aurait eu toute sa place pour mobiliser et sensibiliser aux bonnes pratiques et politiques publiques pour lutter contre les bouleversements climatiques. Elle n’y était pas mais je suis convaincu qu’une Génération Wangari Maathai s’est révélée au Kenya, en Afrique et dans le monde pour que les idéaux de cette magnifique femme continuent de nous porter, individuellement et collectivement, vers plus de sobriété dans l’exploitation des ressources naturelles et de préservation de la nature, mais aussi d’égalité et d’équité en droits pour tous… au-delà du 8 mars.
Cette chronique du cabinet-conseil " Globe-Trottissimo" pour Radio NewVo est disponible ici ainsi que les précédentes http://newvoradio.fr/droits-des-femmes-hommage-a-wanagari-maathai-par-regis-hounkpe/