Dans le brouhaha des instabilités socio-politiques et drames sécuritaires qui minent le continent africain tout particulièrement en cette fin du mois d’octobre, la nouvelle d’un naufrage d’une embarcation au large du Sénégal est venue rappeler à l’Afrique le lourd tribut payé dans les mers.
Le naufrage d’un bateau, un autre de plus, a emporté dans les flots 140 âmes.
Au-delà de la polémique sur les chiffres débattus entre le gouvernement sénégalais qui évaluait les pertes à une dizaine de morts alors que l’Organisation internationale pour les migrations ( OIM) , sur la base des renseignements auprès des pêcheurs et des communautés locales, parle de 140 morts, il y a véritablement un problème plus grave que les dérives migratoires. Ce drame est le symptôme des migrations du désespoir et la conséquence des incuries politiques et démissions des dirigeants qui n'ont pas pu assurer un minimum vital à leurs jeunesses.
Prendre la mer est une perte de foi en un destin en Afrique.
Il y a certes d'autres solutions, mais quand toutes les perspectives sont bouchées, nous assistons à ces phénomènes extrêmes. Selon des chiffres de l'OIM, plus de 20.000 âmes ont péri en méditerranée depuis 2014.
Les responsabilités sont à retrouver dans les douillets palais présidentiels africains.
L'Afrique est le continent de la jeunesse avec plus de 40% de ses jeunes ayant moins de 15 ans.
Cela consiste un énorme potentiel pour le dynamisme économique du continent.
Ceux qui traversent avec péril la méditerranée pour rejoindre l'Europe le font par désespérance et foi en un hypothétique eldorado européen. Certains argumentent en justifiant que les migrants ne font que suivre le chemin des richesses africaines pillées.
Quand les pouvoirs publics et les institutions du continent se pencheront véritablement sur le sujet grâce à une gouvernance politique et socio-économique équilibrée, nous serons à mille lieux des drames des mers cannibales. La situation tout au long des périples est infernale : assassinats, naufrages, esclavage dans certains pays du Maghreb, racisme...
Enfin, je souhaite dire trois choses essentielles pour tordre le cou à des idées toutes faites.
Tous les jeunes ne partent pas, beaucoup innovent et créent de la richesse dans leurs pays.
Il y a des familles et des organisations de la société civile qui arrivent à endiguer le phénomène en redonnant un travail décent, des perspectives et espoir en un avenir chez soi.
Et surtout, la réalité des migrations est davantage inter-africaine : plus de 70% des migrants africains se cherchent un destin meilleur dans les 54 pays du continent.
Une pensée pour tous les migrants d'ici et d'ailleurs.
Mes commentaires sur le drame des 140 naufragés pour le journal sénégalais Enquête +.